L’histoire d’un groupe de chats errants

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En plein été, nous avons reçu l’appel d’un monsieur nous signalant une femelle errante et ses chatons près d’une station-service. Une dame les avait trouvés là un soir en faisant le plein et, prise de pitié, elle a commencé à les nourrir. N’habitant pas à côté, elle a ensuite lancé un appel sur les réseaux sociaux pour se faire aider. C’est ainsi que le monsieur a découvert l’existence de ces chats et qu’ils se sont relayés pour aller les nourrir tous les soirs.

Conscients que le nourrissage seul n’apporterait pas une solution pérenne, ils ont contacté l’association, car la mairie n’apporte pas son aide dans le cadre de la stérilisation des chats errants : elle proposait seulement de les faire enlever par une entreprise spécialisée, synonyme d’euthanasie pour des chats craintifs. Autant dire que les conditions n’étaient pas réunies pour une intervention efficace :
– nombre de chats inconnu car ils étaient nourris la nuit et se ressemblaient 
– n’étaient-ils pas nourris ailleurs, et dans ce cas, difficile de tous les attraper 
– lieu public et de passage donc les cages ne pouvaient pas être laissées sans surveillance 
– comment aider l’association à financer les frais de stérilisation ?

Malgré toutes ces incertitudes, une bénévole a accepté de rencontrer le monsieur sur place pour évaluer la situation. Dès son arrivée à l’heure du nourrissage, elle a pu voir 5 chats de taille adulte et 2 chatons de 2 mois et demi : rien à voir avec le signalement initial !

Malgré les contraintes, la motivation de tous de faire une différence pour ces pauvres chats était plus forte. Les deux familles nourricières ont décidé de chacune adopter l’un des chatons, tous les deux craintifs. Ils se sont très bien adaptés à leur nouvelle famille après quelques jours de socialisation. Pour la petite histoire, ces deux familles adorent les chats et en possédaient déjà plusieurs eux-mêmes. Ils ont donc poussé les murs pour recueillir ces deux chatons que l’association n’aurait pas pu prendre en charge par manque de place.

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En parallèle, la bénévole a mené une enquête de quartier poussée pour comprendre d’où venaient ces chats, où s’abritaient-ils, qui les nourrissaient le reste du temps, etc… Il se trouve que le voisin, rentré depuis peu de vacances, les connaissait très bien et les nourrissait avant son départ. Il nous a raconté une histoire malheureusement classique : tout avait commencé avec une femelle sauvage qui a ensuite enchaîné les portées. Absolument tous les chats du groupe s’avéraient être ses petits, les gros mâles non castrés pères des chatons ayant disparu après les chaleurs (pardi !). Dépassé par le nombre, le voisin ne savait pas qu’il existait des moyens d’attraper les chats sauvages sans leur faire de mal.

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Avec les explications et le soutien logistique de l’association, il a relevé ses manches et s’est lancé dans la capture des chats, avec la bénévole, en suivant bien tous ses conseils. Grâce à son investissement et à plusieurs nuits très courtes passées à pister la dernière femelle de la troupe plus méfiante que les autres, les 7 chats adultes du groupe ont tous été attrapés, stérilisés, puis relâchés dans son jardin, où il continue de les nourrir.

Soulagées, les personnes ayant découvert les chats ainsi que le propriétaire des lieux ont tous participé financièrement à la stérilisation des chats, et l’association a comme toujours ajouté le complément. La matriarche était à nouveau gestante, sa première fille avait eu une portée 2-3 mois auparavant (chatons placés par une voisine), et, parmi les 5 jeunes de l’automne dernier, il y avait 2 femelles et 3 mâles. Les deux plus jeunes chatons étaient 1 mâle et 1 femelle, et on pense que les autres ont été récupérés par des personnes de passage avant l’été, comme cela se passe souvent. 

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Le problème de cette pratique : la mère reste sur place non stérilisée et multiplie les portées. On peut dire que pour ce groupe, même si on aurait pu réagir plus tôt (dès l’arrivée de la matriarche), on a évité le pire car la situation aurait été bien plus dramatique en 2023 (2 à 3 portées par an et par femelle)…